Fusillade à Concordia : les deux auteurs placés en détention provisoire
En septembre dernier, une fusillade avait éclaté dans une résidence d’habitation à Concordia. C’est sous escorte de six gendarmes que les deux prévenus ont été présentés au tribunal jeudi, en comparution immédiate, pour répondre des faits de violence avec usage d’arme à feu.
Le 26 septembre à 9h43, les gendarmes ont été avisés d’échanges de coups de feu sur la voie publique. Sur les lieux, ils trouvent plusieurs impacts de balles entre les immeubles de la résidence « la Sucrerie » et un impact dans le pare-brise d’une voiture. Un homme, blessé, a demandé l’assistance d’un automobiliste pour être transporté à l’hôpital.
À la fois auteurs et victimes
TL, employé d’une société d’entretien des espaces verts, est à son travail. Il dit avoir été abordé par YJ pour une histoire de vol d’une chaîne en or, mais ne pas être au courant. Toujours selon ses dires, YJ serait alors parti puis revenu pour lui tirer dessus. Il riposte, car il a une arme sur lui, achetée pour se protéger lorsqu’il circule sur son scooter. Il se débarrasse de l’arme après la fusillade et prend la fuite. Se sachant recherché, il se présente spontanément à la gendarmerie le 14 octobre et est placé en garde à vue.
De son côté, YJ nie avoir tiré et justifie les résidus de poudre trouvés sur sa main gauche par un transfert lorsqu’il a touché sa plaie. Il a en effet été blessé à l’épaule droite et la balle est aujourd’hui encore nichée dans son omoplate. Il est en attente d’une opération qui ne peut se faire à Saint-Martin ni en Guadeloupe et devra vraisemblablement être opéré en métropole.
Règlement de compte ou simple différend ?
TL, 22 ans, a deux mentions à son casier judiciaire : une ordonnance pénale en 2023 pour conduite sans permis et refus d’obtempérer et une peine de 6 mois de prison avec sursis en 2024 pour escroquerie. En période d’essai, son contrat dans les espaces verts ne devait pas être renouvelé, faute de ponctualité. Il est le père de deux enfants en bas âge.
Le casier de YJ, est vierge et le jeune homme de 24 ans était en vacances chez sa mère avec sa compagne. Il vit en temps normal à Toulouse et est le père d’un enfant de 8 mois, issu d’une précédente relation.
Son avocate a demandé en début d’audience l’ouverture d’une information judiciaire, arguant de la complexité de l’affaire et du fait que les tirs ont eu lieu en deux temps ; les seconds se seraient produits alors que son client était déjà à l’hôpital, ce qui pourrait sous-entendre un règlement de compte entre gangs. L’avocat de TL rejoint sa consœur sur la complexité de l’affaire, mais réfute la thèse des gangs et demande un simple renvoi pour préparer sa défense.
Un mois de détention avant le procès
Le ministère public n’a pas eu d’objection quant à la demande de renvoi, mais n’a pas jugé utile d’ouvrir une information judiciaire, les faits étant caractérisés et les témoins ayant déjà été entendus. La vice-procureur a estimé que l’affaire était en état d’être jugée, car s’adressant aux magistrats, « on ne vous demande pas de juger un contexte saint-martinois, mais deux individus et deux infractions ».
Après en avoir délibéré, le tribunal a décidé de les placer en détention provisoire afin de les maintenir à disposition de la justice, éviter le risque de fuite et le renouvellement des faits, mais également par nécessité de les protéger. Ayant refusé d’être jugés en visioconférence par le tribunal de Saint-Martin, les deux hommes seront donc jugés par le tribunal de Basse-Terre, le 19 novembre prochain.