Les ravages de la drogue
Deux affaires étaient jugées vendredi dernier en comparution immédiate en audience correctionnelle du tribunal de Saint-Martin. Deux affaires différentes mais dont l’addiction aux drogues reste le fil conducteur. Une drogue dont les effets font des ravages sur la vie de ces hommes et de leur entourage. Les prévenus sont tous deux sortis menottés du tribunal, direction la prison de Basse-Terre.
VIOLENCE SAUVAGE ET GRATUITE SOUS L’EMPRISE DE LA DROGUE ET DES DÉMONS
Le premier prévenu à être présenté à la barre vendredi dernier semblait vivre dans un autre monde. Celui de démons embrigadés dans le culte du vaudou. Un mélange de sorcellerie et de d’éléments mystiques, qui, sous l’emprise de la drogue a amené l’individu, un trentenaire sans domicile fixe vivant dans un container positionné à Galisbay, à frapper sauvagement à l’aide d’une barre de fer un autre sans domicile fixe dormant dans un autre container situé à côté. C’était samedi dernier, vers 9 heures. Le samedi, à cette heure-là, les adhérents du club Les Archers situé dans le secteur, s’entraînent. Ils ont entendu les cris, sont intervenus et ont appelé les gendarmes. La victime, un homme plus âgée, a été découverte gisant dans son container, blessé à une jambe et à un bras. Emmené à l’hôpital, c’est une jambe et un bras dans le plâtre qu’il en est ressorti et une ITT de 45 jours a été décrétée. Le prévenu explique son geste : « je sais qu’il fait du vaudou sur moi… je me suis réveillé et je savais qu’il fallait que je le frappe ! ». Et c’est muni d’une barre de fer, un joint à la bouche, qu’il est allé sauvagement frapper le vieil homme, puis s’est enfui. Interpellé rapidement par les gendarmes, une autre affaire de vol avec violence qui s’est déroulée plusieurs mois avant est venue le rattraper. Près de la route qui mène au Fort Louis, il aurait en plein après-midi d’un jour du mois d’avril dernier agressé une jeune fille à l’époque mineure pour la détrousser de ces pendentifs en or. Il a été formellement reconnu sur une photo prise par les amis de la jeune fille qui auraient tenté de récupérer les bijoux en se positionnant comme acheteurs. Mais niant toute implication dans cette affaire, il n’avait pas été à ce moment-là inquiété par la justice. Malgré les propos incohérents et confus du prévenu qui indique « qu’on [lui] a jeté un sort depuis son enfance… que [son] sang est contaminé par le vaudou… », les rapports des expertises médicales mettent sous le coup de l’addiction à la drogue ce comportement sociopathique et déclarent le prévenu comme apte à être jugé pénalement.
Suivant les réquisitions du ministère public, le tribunal a jugé l’individu coupable des deux chefs d'inculpation pour lesquels il était jugé et l’a condamné à 24 mois de prison dont 8 mois avec sursis avec une période probatoire de 2 ans, avec une obligation de soins pour son addiction aux drogues et à l’alcool.
TOUT JUSTE SORTI DE PRISON, L’HOMME COMMET DES VOLS AVEC VIOLENCES POUR SE PROCURER DE LA COCAÏNE
La seconde affaire jugée en comparution immédiate vendredi concerne le fait divers qui s’est produit mardi dernier 14 février en pleine matinée dans les rues de Marigot où les agents de la Police territoriale et de la PAF sont intervenus pour intercepter l’auteur qui venait de dérober le téléphone portale d’une femme en la faisant tomber à terre. Placé en garde-à-vue, les enquêteurs constatent que l’homme est sorti de prison la veille, le lundi 13 février, de la prison de Basse- Terre. Il est arrivé à Grand Case lundi aprèsmidi, s’est rendu chez sa mère et est immédiatement reparti en ville. Dès la soirée de lundi, il commettait un premier forfait en tentant de braquer une supérette chinoise pour y dérober le fond de caisse. Avec 10 dollars en poche, il part immédiatement s’acheter de la cocaïne. Le lendemain matin, donc mardi 14 février, il tente de braquer une autre supérette chinoise. Appelés à intervenir, les gendarmes arrivent et prennent l’auteur en fuite. Ce dernier se met à courir et dans sa course, malgré la présence des gendarmes à ses trousses, il dérobe le téléphone d’une passante qui tombe violemment à terre et se blesse. Intercepté par des agents de la Police territoriale, puis de la PAF, le prévenu est arrêté et placé en garde-à-vue par les gendarmes. Le prévenu, un homme de 30 ans qui a déjà fait plusieurs séjours en prison, se défend en disant « je suis addict à la cocaïne et tout ce que je fais c’est pour pouvoir me procurer mes doses ». La présidente du tribunal de lui demander : « Mais vous sortez de prison, cette période où vous avez été enfermé n’a pas permis de vous désintoxiquer ». Et le prévenu de répondre : « Mais madame la juge, en prison on trouve tout ce que l’on veut comme drogue ! ».
« Des vols d’opportunités effectués sous le coup de pulsions », remarquera le procureur qui relève que plusieurs autres chances ont été données au prévenu pour se désintoxiquer, dont une mesure de placement en extérieur lors de sa dernière condamnation qu’il n’a pas respectée. Le procureur requérait deux ans de prison ferme avec maintien en détention et le tribunal suivait ces réquisitions. Une obligation de soins a également été prononcée.