La nature n’est pas une décharge !
Malgré les campagnes de sensibilisation, malgré l’installation de bornes de tris et de conteneurs, malgré le ramassage gratuit des encombrants, malgré la gratuité pour la plupart des déchets à la décharge pour les professionnels et à la déchetterie pour les particuliers, rien n’y fait ! L’homme n’a toujours pas compris que sans la nature, il n’y aurait pas de vie sur terre et continue de polluer, sans limites et sans remords. Beaucoup de lieux sur l’île continuent d’être souillés malgré la bonne volonté de certains.
Sur le parcours de randonnée équestre, triste spectacle d’une carcasse de voiture au Galion
Jeter des déchets dans la nature n’est pas sans conséquences. Ils polluent les sols, perturbent les écosystèmes et représentent un danger pour la santé de tous. Une carcasse de voiture, par exemple, c'est : des huiles moteur, liquide de frein et de refroidissement, une batterie dont les éléments chargés en métaux lourds, plomb ou acide sulfurique s’infiltrent dans le sol, contaminant la nappe phréatique et intoxiquant la faune et la flore. Sans oublier les plastiques, qui mettent des décennies à se décomposer. Ces épaves abandonnées deviennent aussi des foyers de moustiques, favorisant la propagation de la dengue, et des refuges parfaits pour les rongeurs vecteurs de maladies.
Parmi les sites prisés par certains citoyens peu scrupuleux – que nous qualifierons « d’indélicats» pour rester corrects – figurent notamment Le Galion et Bellevue.
L’île est trop belle pour être une poubelle !
La semaine dernière, Jessica, fondatrice du Ranch du Galion, a alerté la Réserve Naturelle après avoir découvert des carcasses de voitures brûlées sur son parcours de randonnée. « J’avais l’impression d’évoluer dans une décharge, entre véhicules abandonnés et déchets divers », déplore-t-elle. Après avoir contacté la gendarmerie, qui a constaté les faits sans pouvoir intervenir immédiatement, elle s’est tournée vers la Réserve Naturelle, mais la démarche est complexe, car sur la zone concernée, les terrains appartiennent à la fois au Conservatoire du Littoral, à la Réserve Naturelle et à la Collectivité.
Seule solution pour elle, mobiliser ses jeunes cavaliers pour organiser le nettoyage en collaboration avec les agents de la Réserve Naturelle venus prêter main forte. Cavaliers, enfants, parents et agents ont troqué leurs selles contre des gants et des sacs-poubelles pour débarrasser le site des déchets accumulés. Une tâche éprouvante, car les valeureux volontaires outre les détritus habituels et les déchets du bâtiment ont découvert dans une odeur pestilentielle, six sacs contenant des chiens morts ! « Une véritable déchéance humaine », s’indigne Jessica. Impossible pour eux cependant d’évacuer les carcasses de voiture, une tâche qui devra, espère Jessica, être menée par la Collectivité. Mais il ne faut pas se voiler la face, le coût des enlèvements n’est pas gratuit et c’est l’ensemble de la population qui, sur ses impôts, paye la bêtise humaine. Un signalement a été fait auprès de la gendarmerie et des patrouilles nocturnes seront mises en place.
L’équipe du Ranch du Galion et les agents de la Réserve Naturelle lors du nettoyage éprouvant du 5 février
Ordure : singulier ou pluriel ?
À chaque détour de sentier, les constats sont les mêmes. Une promenade dans les environs de Bellevue en dit long sur le comportement des particuliers comme des professionnels, et c’est consternant ! Des commerçants viennent déverser leurs denrées alimentaires périmées, y compris de la viande avariée, et des professionnels du bâtiment se débarrassent de leurs gravats et matériaux de chantier sans aucune honte. Toute la problématique, là encore, est que ces terrains sont privés. Le terrain de rugby n’est pas épargné lui non plus, et chaque semaine ce sont les bénévoles du club qui doivent nettoyer les « indélicatesses » : sacs poubelles explosés au milieu du terrain et déchets en tous genres abandonnés par ceux qui ont vraisemblablement utilisé le terrain à d’autres fins. Une fois de plus bravo aux bénévoles qui nettoient les dégâts le samedi matin avant l’arrivée des enfants de l’école de rugby et plus largement, bravo à tous ceux qui contribuent à garder l’île propre, aux associations comme Clean St Martin qui sensibilisent et nettoient tout au long de l’année ; sans eux les dégâts seraient encore plus conséquents !
À tous les autres, ceux sans scrupules, il serait peut-être opportun de rappeler la définition du mot « ordure », qui au pluriel désigne les « déchets, détritus provenant de la vie quotidienne et dont on se débarrasse » mais qui au singulier qualifie « une personne vile, abjecte » et dont l’un des synonymes est « fumier !»
«Petit tas d’ordures » sur les terrains de Bellevue !