S’unir pour affirmer une identité caribéenne

Placée sous la présidence du Premier ministre de Sainte-Lucie, Philip J. Pierre, et sous la direction générale du Dr Didacus Jules, l’Organisation des États de la Caraïbe Orientale (OECO), dédiée à l’intégration régionale dans la Caraïbe orientale, a été créée le 18 juin 1981. Cela faisait plus de dix ans que la Collectivité de Saint-Martin attendait de rejoindre cette organisation intergouvernementale.
La 76e réunion plénière de l’OECO a débuté par la cérémonie d’ouverture et l’adhésion de Saint-Martin. Une cérémonie très protocolaire, où les dix représentants des États membres (Antigua & Barbuda et Montserrat étaient absents) ont fait leur entrée précédés de leur drapeau. Louis Mussington avait étrangement choisi l’Unity Flag, symbole de l’unité entre le nord et le sud de l’île. Sint Maarten n’est pas adhérent de l’OECO, la logique eut voulu que ce soit le drapeau de Saint-Martin.
Entre les discours, la cérémonie a été ponctuée de quelques intermèdes culturels visant à valoriser l’identité culturelle de Saint-Martin, dont celui de la troupe folklorique Gain d’Or et celui de la troupe carnavalesque Exotic Vortex.

Un moment clé pour Saint-Martin 

Lors de son discours, Louis Mussington a souligné toute l’importance de cette étape historique pour Saint-Martin. Pour le Président, cette adhésion marque une certaine reconnaissance de Saint-Martin, renforçant ainsi son intégration caribéenne. Depuis son changement de statut en 2007, la Collectivité a progressé dans ses relations avec la France et l’Europe, mais cherche encore à affiner ses prérogatives. Résolument optimiste, le Président veut voir dans cette adhésion un changement de réalité pour Saint-Martin qui partage depuis toujours une histoire et une culture communes avec les îles voisines. « Son intégration à l’OECO répond à une nécessité de coopération face aux défis économiques et géopolitiques actuels » a-t-il indiqué. 
Cette adhésion devrait en effet permettre de mutualiser les ressources tout en développant une diplomatie territoriale, rendant ces États, qui partagent des problématiques économiques et sociales communes, plus soudés et plus forts dans les négociations à l’échelon international.
En substance, le Président de la Collectivité voit en cette intégration régionale non pas une fin en soi, mais un levier pour s’inscrire pleinement dans l’économie mondiale. Malgré les disparités économiques et les tensions historiques entre les États caribéens, cette adhésion ouvre la voie à de nouvelles opportunités. Forte de son double positionnement géostratégique, entre l’Europe et la Caraïbe, Saint-Martin affirme là son rôle dans la construction d’un espace régional plus uni et prospère.

Quelles réalités concrètes pour la population ?

Saint-Martin est avant tout une collectivité d’outre-mer de l’État français et ne peut déroger aux lois de la République. Les effets concerneront donc essentiellement comme l’a indiqué le Président Mussington lors d’un rapide point presse à l’issue de la cérémonie, les échanges en matière d’éducation, de sports ou de culture. Les jeunes saint-martinois pourront ainsi intégrer les structures associatives des différents États. Un point de satisfaction pour le Président auquel s’ajoute une première invitation pour conduire une délégation saint-martinoise à Saint-Kitts, afin d’échanger sur le développement de l’agriculture.
Autre opportunité, concernant cette fois le bilinguisme dans le domaine de l’éducation ;  des contacts ont déjà été pris pour « que les enseignants puissent se rendre à Sainte-Lucie et à Saint-Kitts pour voir comment l’anglais est enseigné dans les établissements scolaires ». Cela illustre les « avantages qui vont beaucoup apporter à la population saint-martinoise » a précisé le Président.
L’adhésion à l’OECO va « privilégier et favoriser les échanges dans tous les domaines (agriculture, éducation, sport, culture) et pour le monde économique, permettre d’être plus forts ensemble pour faire face à ce nouvel ordre mondial »… « avec l’arrivée de Trump, il y a déjà des chamboulements, il faut que la solidarité soit beaucoup plus forte entre les états membres de l’OECO » a conclu Louis Mussington.
Jeudi, les chefs des États caribéens tenaient leur assemblée plénière avec, entre autres à l’ordre du jour, la question du changement climatique. Ils ont ensuite participé à un déjeuner servi par les élèves du Lycée Daniella Jeffry.