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Activité économique : une conjoncture positive

Par Ann Bouard
16 Mai 2024

L’IEDOM délivrait lundi dernier les chiffres sur la conjoncture économique en 2023 et une première vision sur les deux premiers mois de l’année. Globalement, dans un contexte économique assez contrasté ailleurs, à Saint-Martin, le bilan est plutôt positif et 2024 semble s’engager sous les mêmes auspices.

Cette appréciation de la conjoncture économique sur le territoire, réalisée par l’IEDOM sous la présidence du Préfet et en réseau avec la Collectivité, les acteurs économiques et l’ITSEE, est indispensable pour améliorer la connaissance sur la contribution du tourisme à l'économie et à la croissance de l’île, a indiqué Vincent Berton en préambule. Ces données permettent en effet d’orienter au mieux les politiques publiques de soutien à l’économie du territoire. Globalement, l'année 2023 a été bonne à Saint-Martin. À titre de comparaison, elle a été très mitigée sur la Guadeloupe et Saint-Barth a enregistré une légère baisse de fréquentation.

TRAFIC AÉRIEN À LA HAUSSE

Les chiffres sont plutôt optimistes même si l'on a pas encore retrouvé le niveau d’avant Irma, 2016 restant l'année de référence : 395 000 passagers à Juliana et 103 000 à Grand Case (638 000 passagers en 2016 sur les deux aéroports). Cette différence est à attribuer à Juliana, lourdement impacté par Irma, à l’arrêt pendant la pandémie et pénalisé par les retards de reconstruction. Grand Case a maintenu une activité stable qui perdure sur les deux premiers mois de l'année, avec 14000 passagers, malgré l’arrêt depuis six mois d’Air Antilles ; la reprise de New Air Antilles, toujours espérée pour la fin du mois, devrait doper le trafic. Sur janvier et février, l’activité de Juliana passe de 81000 passagers en 2023 à 94000, grâce notamment au retour de certaines compagnies américaines et à la réouverture d’une partie de l’aéroport.

RETOUR DES CROISIÉRISTES

Si l’activité des croisières demeure marginale sur la partie française, avec 6118 personnes, avec des packages plus haut de gamme, du côté de Sint Maarten les bateaux reviennent en force avec 1,31 millions passagers soit une augmentation de 56% en un an ; loin cependant de la fréquentation de la décennie précédente où la partie française comptabilisait 15000 croisiéristes et la partie hollandaise plus de 2 millions. La crise Covid a lourdement impacté l’activité. L’activité inter-îles, elle, connaît une hausse significative, avec 230000 passagers entre Saint-Martin et Saint-Barth (200000 en 2016), s’expliquant par l’arrêt d’Air Antilles et le phénomène des travailleurs de Saint-Barthélemy habitant à Saint-Martin. Le trafic avec Anguilla, qui avait connu une baisse de 50 % après les crises, repart également avec 99000 passagers (130000 avant Irma). Les deux premiers mois de 2024 sont dans la même tendance avec une augmentation de 35 % du nombre de passagers sur Saint-Barthélemy et de 19% sur Anguilla.

BTP, EMPLOI, FINANCEMENT

Le bâtiment, après un pic d'activité post Irma, s’est essoufflé et connaît une légère reprise aujourd'hui, tiré par la construction de villas pour la location et surtout par la commande publique (préfecture, collèges 900 et 600, etc). Même si ce sont des groupes guadeloupéens qui assurent ces chantiers, la sous-traitance locale est importante (60 % pour la préfecture pour exemple) et permet de stabiliser les effectifs à 2/3 de leur pic de 2018-2019. Le marché du travail a été effectivement assez dynamique en 2023 avec une augmentation de plus de 7 % sur un an.

Du côté des entreprises, la demande de crédit est en forte progression, +20%, et les banques répondent présentes. En revanche, les actifs sont en stagnation, preuve des difficultés de trésorerie de certaines entreprises qui doivent rembourser leur PGE (356 entreprises pour un montant total de 39M€), tout en absorbant la hausse des coûts et des charges.

HÔTELLERIE-RESTAURATION

On comptabilise 7629 salariés déclarés dans le secteur privé, dont le quart travaille dans le secteur de l'hôtellerie et de la restauration. A noter que le « projet mangrove » dont la première session vient de débuter au Coco Beach avec 50 recrues, sans qualification en apprentissage, va se poursuivre avec 50 autres jeunes, tous les postes ayant été pourvus.

Le taux de remplissage des hôtels a été très bon pour la saison 2024 a indiqué le Président du Club du Tourisme, sans cependant donner de chiffres. C’est un indicateur sur lequel devrait travailler prochainement l’ISEE. Un autre élément devrait également enrichir ces données, l'activité Airbnb qui explose et pose le problème du recensement. Pour le Préfet Vincent Berton, la Collectivité pourrait être amenée à réfléchir sur une taxation ; un moyen peut-être de remettre des logements en location longue durée sur le marché. Reste à savoir comment les Saint-Martinois profitent de cette dynamique économique en termes de revenus ou d'emplois ? Le rapport d'activité complet de l’IEDOM sera publié en septembre.  

Ann Bouard