Fondation de France : Une aide à la relance économique jugée insuffisante par les entreprises
Sur les 13 millions d’euros collectés par la Fondation de France dans le cadre du programme « Solidarité Antilles », 2 millions sont consacrés à la relance économique à Saint-Martin via le fonds de secours d’urgence mis en place en partenariat avec Initiative Saint-Martin Active (ISMA). Un montant jugé insuffisant par les acteurs économiques locaux et inadéquat à la réalité.
Le dispositif d’aide aux entreprises mis en place par la Fondation de France et Initiative Saint-Martin Active comprenait deux volets : une aide d’urgence plafonnée à 5000 euros, et une aide remboursable plafonnée à 30 000 euros, avec un taux d’intérêt à 0%. Au 31 décembre, environ 150 entreprises auraient reçu l’aide d’urgence pour un montant total de 750 000 euros et quelque 30 autres entreprises auraient profité de l’aide remboursable, pour 782 000 euros.
A ces 1.5 millions d’euros devraient venir se rajouter 500 000 euros pour l’aide d’urgence à une centaine d’entreprises supplémentaires, indiquait la directrice générale Axelle Davezac qui était présente à Saint-Martin la semaine dernière. Soit un montant total de 2 millions d’euros et qui correspond à un peu plus de 15% des fonds collectés (13 millions d’euros).
Priorité à la formation des jeunes
La Fondation de France entend continuer à participer à la relance économique, mais d’une autre manière, en participant à la formation et à l’insertion des jeunes : « Nous allons travailler avec des associations de formation et d’insertion que nous aurons sélectionnées, et les fonds versés permettront de financer les formations faites aux jeunes. L’objectif étant que le jeune, à l’issue de cette formation, trouve un emploi ou bien crée sa propre structure », a déclaré Axelle Davezac, insistant sur le fait « que la Fondation de France est une ONG caritative dont les objectifs sont de l’ordre social. Nous ne sommes pas là pour nous substituer à des aides d’Etat ou d’autres organismes publics », insiste-t-elle.
La Fondation de France qui a pour l’heure reversé 4.7 millions d’euros sur les 13 millions d’euros collectés, entend agir dans le domaine du social et à l’endroit des personnes les plus vulnérables. A l’instar du programme avec les Compagnons bâtisseurs qui prévoit la réhabilitation de 40, puis 400 habitations (lire notre édition de mardi 9 janvier).
L’urgence, c’est maintenant !
Un avis que les acteurs économiques locaux en général ne partagent pas, car pour eux, l’urgence c’est maintenant. « C’est en préservant les emplois et en en créant de nouveaux que l’île pourra se relever ! Que vaut-il mieux pour un saint-martinois : lui reconstruire son toit, ou bien lui fournir un travail qui lui permettra de le reconstruire lui-même ? », nous déclare-t-on dans le monde des entreprises. Et en effet, avant l’épisode Irma, plus de 30% de la population était déjà au chômage.
Depuis le 6 septembre, avec l’arrêt total de l’activité accompagné de la mise en activité partielle pour près de 4000 salariés (sur 6300 salariés recensés dans les deux Iles du Nord), on peut raisonnablement supposer que le taux de personnes sans emploi doit atteindre de nouveaux records, même si pour des raisons politiquement correctes ces personnes ne vont pas rejoindre les rangs des chômeurs, puisqu’elles sont « en activité partielle ». D’autant que la reprise timide de l’activité depuis quelques semaines, axée principalement dans le secteur du bâtiment, ne permet pas d’être optimiste quant à l’avenir économique. Alors que la Fondation de France ne souhaite pas injecter plus de 15% de ces fonds collectés au profit de la relance de l’activité économique, reste pour les entreprises incompréhensibles : « Le plus urgent désormais est de conserver les emplois qui peuvent encore l’être.
Et c’est aussi ce que souhaitent les saint-martinois : de l’emploi. Pendant que les jeunes vont se former aux métiers du bâtiment, ce sont des entreprises extérieures à l’île qui vont venir avec leur propre main d’œuvre faire la reconstruction à Saint-Martin ! Car là est l’urgence. Dans 6 mois, nous allons aborder la prochaine saison cyclonique, et les populations ne vont pas attendre que les jeunes soient formés pour reconstruire leurs habitations », continuent les entreprises que nous avons interrogées. Un débat qui fait tâche entre l’ONG et les acteurs locaux. Et qui alimente chez ces derniers une colère considérant qu’aucun organisme, ni d’Etat ni caritatif, ne prend la mesure de la gravité de la réalité économique qui est en train de se dessiner pour l’avenir de Saint-Martin.