Hôtel la Samanna : la grogne monte crescendo chez les salariés
D’une manifestation pacifiste tenue vendredi dernier devant les portes closes de l’établissement 5 étoiles suivie d’une opération escargot dans les rues de Marigot, les salariés en sursis ont monté le ton d’un cran, mardi dernier, devant cette fois les portes de la CCISM, à Concordia. Environ 70 des 138 employés menacés de licenciement sont apparus en invités surprises au cours d'une soirée qui avait déroulé le tapis rouge pour recevoir socioprofessionnels, élus de la Collectivité et le Préfet délégué interministériel.
Une réunion/soirée repas qui se voulait discrète, entre les acteurs économiques, les élus et le Préfet délégué interministériel à la reconstruction, et qui a toutefois été fortement retardée et perturbée par les slogans scandés par les salariés de l’Hôtel Belmond La Sammana : « Non aux licenciements », « Donnez-nous notre argent », « La Samanna = Irma »…
Selon les salariés de l’établissement hôtelier actuellement placés en activité partielle, toute communication avec leur direction basée à Londres est devenue impossible. Un Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) a été lancé, et des négociations devraient normalement être entamées, avant la fin du délai légal, qui porte au 27 avril prochain la soumission de ce PSE à la Direction de l’Emploi et du Travail (DIECCTE). « Nous avons fait des propositions à la direction, notamment en proposant un certain nombre de départs volontaires, et tout nous a été refusé », raconte Julien Boirard, délégué syndical CGTG et représentant du personnel. « Nous sommes à un mois des décisions finales, et n’avons aucun contact avec la direction », continue-t-il.
La Présidente de la CCI à l’écoute
Angèle Dormoy, présidente de la CCISM est venue écouter les salariés en colère et les a assurés de « faire ce qui était en son pouvoir afin de rétablir la communication entre les salariés et leur direction », tout en concevant que la CCISM n’a aucun pouvoir dans ce conflit de droit privé. Et d’affirmer : « Je comprends votre détresse, le scénario passé de la Belle Créole ne se répètera pas ! », confiant que ses parents, anciens salariés de la Belle Créole, avaient vécu le douloureux moment de la fermeture de cet établissement, sous couvert de la situation post-cyclonique après le passage de l’ouragan Luis, en 1995, ancré également dans conflit entre les salariés et la direction.
La Collectivité prise entre le marteau et l’enclume
Le Président Gibbs accompagné de deux de ses vice-présidents, Yawo Nyuiadzi et Valérie Damaseau, expliquait également aux salariés que « la Collectivité n’a pas de pouvoir de décision dans cette affaire privée, mais affirmait toutefois qu’il ferait tout ce qui est possible pour que l’Hôtel La Samanna, fleuron touristique de luxe de la partie française, rouvre pour la saison prochaine ». Les élus de la Collectivité, qui dès le début du conflit s’étaient positionnés en facilitateurs dans les négociations informaient ne pas avoir été destinataires du PSE : « Si le PSE présente des préconisations qui ne sont pas recevables au regard du droit du travail, il ne sera pas validé par la DIECCTE et les licenciements ne pourront avoir lieu », expliquait Yawo Nyuiadzi. Ce à quoi les salariés répondaient que « si le groupe Belmond ne peut licencier à ses conditions (des licenciements économiques suivis pour certains salariés de réembauche en Contrat saisonnier à partir de la saison prochaine, ndlr), il procédera à une liquidation et quittera Saint-Martin ». Et d’ajouter : « 138 salariés représentent 700 votes, Monsieur le Président. Vous devez faire quelque chose pour nous ! ».Un Conseil en droit du travail venait en renfort dans les discussions houleuses pour informer les salariés « qu’ils se situent dans une procédure sécurisée diligentée par la Direction du Travail et de l’Emploi ». Et de conseiller « de prendre attache avec un médiateur pour mener à bien les négociations du PSE avec la DIECCTE ».