La colère monte chez les entrepreneurs : c’est un dialogue de sourds !
Les chefs d’entreprise se sont présentés en nombre mardi matin à la CCISM, dans l’attente des réponses que les émissaires de l’Etat devaient apporter à leurs nombreuses questions. Et l’Etat campe sur ses positions : c’est le droit commun qui s’appliquera à Saint-Martin !
Le préfet de Guadeloupe Eric Maire, présent à cette réunion, aux côtés du délégué interministériel Philippe Gustin et des représentants de la Direction du Travail et de Pôle Emploi Guadeloupe, ne faisait que répéter les mêmes mesures annoncées vendredi dernier par le Préfet Philippe Gustin, à savoir la mise en activité partielle des salariés ou bien le licenciement économique.
Et il était demandé aux entreprises de faire ces démarches dans les plus brefs délais.
Le Président Macron avait promis le soutien de l’Etat
Des mesures qui rentrent dans le droit commun et qui ne corroborent pas les propos annoncés par le Président Emmanuel Macron lors de sa venue à Saint-Martin quelques jours après le passage de l’ouragan. Le Président de la République avait alors annoncé : « Nous allons changer les textes. Saint-Martin peut compter sur l’Etat pour obtenir des réponses exceptionnelles à cette situation exceptionnelle ». Une annonce qui avait laissé espérer le Président Gibbs et son équipe que l’Etat serait en mesure de prendre en charge à 100% les salaires des employés, pendant une période de quatre mois, le temps que les assurances aient versé les indemnités et que les chefs d’entreprise soient en mesure de reconstruire leur outil de travail. C’est la raison pour laquelle Daniel Gibbs avait demandé aux entreprises de ne recourir pour l’heure ni au dispositif d’activité partielle ni à celui de licenciement.
Des mesures qui ne répondent en rien aux attentes
En colère les chefs d’entreprise ont fustigé les représentants de l’Etat en clamant que ce dernier allait « participer à la faillite de l’économie locale ». Les seules dérogations apportées par l’Etat concernent les délais dans les procédures, et les modalités qui sont allégées. Ainsi, la mise en activité partielle, peut-elle être initiée rapidement, sans avoir à fournir les justificatifs demandés normalement. Les représentants de l’Etat informaient à ce propos que des accords avaient été pris avec les banques pour qu’elles fassent les avances des allocations sur salaires (7.74 €/heure travaillée), dès l’acceptation du dossier, sans avoir à attendre que les paiements passent par les voies traditionnelles.
Les entreprises en manque de trésorerie
Et si du côté de l’Etat ces mesures semblent pourtant simples à mettre en oeuvre, les entreprises locales n’ont de cesse de rappeler que la majeure partie d’entre elles ne possède pas la capacité financière d’assumer ni l’activité partielle ni le licenciement. Ce qui importe pour l’heure aux entreprises c’est de reconstruire leur outil de travail et de conserver leurs employés pour le moment où elles pourront redémarrer leur activité. Un dialogue de sourds entre deux mondes qui suivent des logiques différentes…
Le Président Gibbs rentré bredouille de paris
Les entreprises étaient alors dans l'attente des annonces que pourraient faire le Président Gibbs suite à son déplacement dans les ministères parisiens (Lire le communiqué de Daniel Gibbs arrivé dans les rédactions mercredi matin).
En tout état de cause, près d’un mois après la catastrophe, le monde économique se trouve toujours dans l’expectative quant aux actions à mettre en œuvre, et semble perdre patience.
Le collectif Wake Up demande une réunion d’urgence avec les autorités
Un nouveau collectif, Wake Up, rassemblant une quarantaine de commerçants et artisans de Saint-Martin se réunissait mercredi après-midi, sur la marina Royale.
En chef de file, Philippe Amengual du restaurant le Spinnaker, collectait dans un premier temps les principaux problèmes rencontrés par les acteurs économiques. Entre les aspects sécuritaires et le pillage qui a toujours cours, les problèmes rencontrés avec les assurances et ceux avec les propriétaires de locaux qui réclament leur loyer, le collectif Wake Up décidait en fin de réunion de demander la réunion en urgence d’une table ronde avec la Préfète Anne Laubies, le Président Daniel Gibbs et le délégué interministériel Philippe Gustin. « Nous voulons créer une cohésion d’ensemble et obtenir des réponses concrètes sur les mesures d’accompagnement prises envers le secteur économique pour relancer l’activité », nous déclarait Philippe Amengual.