Abattoir : pas de réouverture avant avril 2025
Si le souhait des services de l’État était que l’abattoir reprenne du service au plus vite, la Collectivité a décidé d’entreprendre des travaux de plus grande envergure et de prendre le temps nécessaire soit 14 mois pour faire de l’abattoir un outil enfin performant avec à la clé un agrément permanent.
Depuis plusieurs années l’abattoir enchaine les fermetures à répétitions. L’agrément sanitaire provisoire accordé en 2022 n’a pas été renouvelé, douze points de non-conformité ayant été relevés. Des points qui doivent impérativement être rectifiés (procédures, formations, équipements, etc.) pour ouvrir l’abattoir.
La décision a donc été prise d’engager 14 mois de travaux. Explications avec Valérie Fonrose, conseillère territoriale et Présidente de l’EGEA, et Elie Touzé, directeur de l’économie bleue et de la croissance verte à la Collectivité, directeur de l’EGEA (Établissement public de Gestion et d’Exploitation de l’Abattoir de Saint-Martin).
EN FINIR AVEC LES REPARATIONS DE FORTUNE
Pour Elie Touzé, les travaux entrepris depuis Irma ont consisté à bricoler l’existant sans jamais prendre le temps de revoir l’infrastructure elle-même. Il a donc été décidé de fermer le temps nécessaire aux travaux afin de consolider la toiture, de mettre l’abattoir en conformité, et de le faire monter en gamme avec de nouvelles prestations plus adaptées. Par exemple tout ce qui était jusqu’alors jeté (abats, sang, pates, tête) pourra être récupéré par les éleveurs ou transformé. L’abattoir, conçu pour les bovins, pourra désormais prendre en charge l’abattage des ovins, caprins et porcins. Il sera doté d’une extension pour la découpe de la viande, d’une chambre de maturation et d’une unité d’emballage. Cette dernière permettra de commercialiser la viande selon les besoins des clients (bouchers, supermarchés). Tout cela va nécessiter un nouvel investissement, dont 1,6 million de fonds FEADER, et 14 mois de travaux. Elie Touzé annonce l’ouverture d’un outil opérationnel pour avril 2025. En attendant, la Collectivité a pris des mesures pour pallier le manque à gagner des éleveurs.
UNE AIDE EXCEPTIONNELLE POUR LES AGRICULTEURS
Le conseil exécutif doit voter ce vendredi une compensation des conséquences économiques liées à la fermeture de l’abattoir. Cette aide combinée doit permettre aux éleveurs de garder les animaux sur pieds, de pouvoir accroitre leur cheptel (indemnisation selon le taux de production), et de les engraisser (les éleveurs sont rémunérés sur le poids de l’animal lors de l’abattage). Calculée selon la norme UGB (unité gros bovin) établie à 1500€ par tête et adaptée forfaitairement selon les races, cette aide leur sera versée à la condition que l’abattage s’effectue à terme à l’abattoir. Financée à 100% par la Collectivité, elle est destinée à soutenir les éleveurs tout en leur permettant dans le même temps de se professionnaliser, précise Elie Touzé. Une campagne d’identification des animaux sera ainsi menée durant toute cette année par la CCISM, avec l’aide d’un agent identificateur de la Collectivité.
FORMATIONS INDISPENSABLES
La formation des agents en charge du fonctionnement de l’abattoir est l’une des condition pour l’obtention de l’agrément sanitaire rappelle Valérie Fonrose. La fermeture de l’abattoir sera donc mise à profit pour que Javon With et Steve Hodge intègrent l’École Nationale Supérieure des Métiers de la Viande à Paris dès le 4 mars prochain. A l’issue de leur formation d’un an, ils seront accompagnés par les techniciens du laboratoire du Moule pour l’ouverture de l’abattoir. Steve Hodge sera le nouveau chef de production en remplacement d’Emmanuel Gimenez. Les utilisateurs, eux, pourront suivre l’avancement des installations, lors de visites périodiques qui seront organisées en leur faveur jusqu’en avril prochain. Des réunions bimensuelles sont par ailleurs prévues avec les services vétérinaires pour veiller au respect des normes au fur et à mesure du chantier.
En parallèle de tout cela, Elie Touzé indique que la volonté politique est de s’attaquer au problème du foncier. La Fédération Nationale des SAFER a d’ores et déjà rendu son rapport sur l’état des lieux notamment sur le recensement de la qualification des terres (succession, indivision, problèmes de titres, etc.) avec la première fois une cartographie déterminant le périmètre géographique des propriétaires.