Air Antilles : à quand la reprise des vols ?
Air Antilles a repris ses vols sur Saint-Barthélemy le 24 juin, comme annoncé. Les rotations sur Saint-Martin, qui devaient débuter le 15 juillet, sont reportées d’une semaine. Explications avec Nicolas d’Hyèvres, directeur commercial et marketing d’Air Antilles.
Le 97150 : Pourquoi ce nouveau report des vols ?
NH : La compagnie étant nouvelle, tout doit être revalidé. Les pilotes d’Air Antilles sont donc dans l’obligation d’obtenir une nouvelle validation pour pouvoir voler. Ce sont des démarches administratives longues. Ce sont les pilotes examinateurs, nommés par la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC), qui doivent valider nos pilotes. Cela était prévu le 10 juillet, finalement ce sera le 20 juillet. C’est pourquoi nous ne pouvons pas faire partir les avions avant.
Le 97150 : C’était donc ambitieux d’annoncer une reprise au 15 juillet ?
NH : Dès le début, dire que l’on allait pouvoir commencer très rapidement était en effet peut-être un peu ambitieux. Il a fallu gérer un grand nombre d’imprévus dans un contexte réglementaire très contraint. Les ventes ont été fermées fin juin, car nous nous posions des questions sur la bonne réalisation des validations. Elles devraient rouvrir cette semaine pour les premiers vols, la semaine du 22 juillet.
Pour les billets achetés sur les vols du 15 au 21 juillet, tous les passagers ont été contactés et reportés sur Air Caraïbes, remboursés ou reportés sur d’autres dates. Pour les passagers, qui avaient des vols à cheval entre deux semaines, ils seront protégés à l’aller et au retour sur nos vols.
Le 97150 : Où sont les avions ?
NH : Sur les trois ATR que nous détenons, dès la session de la compagnie en octobre 2023, le OXO, un ATR 42, a été envoyé au Maroc, lieu où sont révisés nos avions. Il y a plusieurs plates-formes dans le monde, mais celle-ci permet à notre technicien sur place de suivre les étapes en français. Nous avions une problématique de train avant, mais la pièce devrait arriver début août et l’appareil devrait pouvoir être validé et revenir mi-août.
Pour les deux autres ATR 72, l’un est parti vendredi dernier au Maroc en révision, l’autre, termine sa révision à Pointe-à-Pitre et c’est ce dernier qui débutera les liaisons.
Deux ATR 42, toujours sur notre parking à Pointe-à-Pitre, n’ont pas été repris dans la compagnie et seront démantelés.
Le 97150 : Sur Saint-Barthélemy vous avez eu recours à la location ?
NH : Quand on affrète des avions, c’est souvent parce qu’il en manque un. Pour éviter les problèmes d’exploitation, nous avons loué un Twin Otter à la société Zimex avec son équipage. Les deux pilotes d’Air Antilles ont été formés en Suisse et ont été validés. Notre avion, actuellement en révision, revient début août et assurera le complément de cette ligne en cas de défaillance éventuelle. Nous étudions la faisabilité financière pour l’acquisition d’un autre avion de même type en janvier 2025.
Le 97150 : Tout cela a-t-il une incidence sur le budget ?
NH : Nous n’avions pas imaginé à la reprise qu’il fallait réviser totalement les appareils, car l’entretien n’avait pas été fait depuis longtemps. Nous ne pouvions le faire en amont. Sans CTA , il est impossible de toucher aux avions. Il fallait ensuite effectuer les démarches pour la maintenance d’une part, et l’entretien d’autre part pour avoir l’agrément. Les 123 salariés, dont 70 % de pilotes et personnel navigant, sont payés. Ce sont des budgets certes importants, mais cela avait été prévu dans les 12 millions d’euros provisionnés.
Le 97150 : Il y a malgré tout une dette de 3,7 millions ?
NH : Air Antilles est née des cendres de CAIRE, 8 semaines après sa liquidation. Il a fallu faire avec un environnement comptable complexe. Pour cette prétendue dette de 3,7 millions, le tribunal a souligné que cette créance n’est pas clairement définie, et a reconnu que ce montant n’était pas connu au moment de la reprise et n’avait donc pas été prévu dans le plan d’affaires initial. Imposer cette charge à la nouvelle compagnie mettrait en péril notre service de transport.
Le 97150 : Comment, avec tous ces frais, allez-vous pouvoir proposer des prix attractifs ?
NH : Le prix de nos billets varie actuellement entre 350 et 400€. Nous sommes partis sur l’hypothèse de 70 passagers à bord, d’un taux de remplissage de 70% avec une moyenne de huit vols par jour (Saint-Martin, Guadeloupe, Martinique). À noter que les taxes sont pour un Pointe-à-Pitre / Saint-Martin sont de 91€ pour l’aller-retour. En tenant compte de ces paramètres, nous sommes sur des prix normaux, comme ceux de nos confrères, et cela correspond aux prix de rentabilité.
Le 97150 : Vous deviez proposer des horaires différents ?
NH : À ce jour nous n’avons effectivement qu’un seul appareil qui décolle à 6h35 de Fort-de-France et qui fait escale à Pointe-à-Pitre, avant de repartir pour Saint-Martin. Cependant, dès que notre deuxième Twin Otter (15 passagers) sera opérationnel, il stationnera à Saint-Martin. Ce n’est pas encore totalement validé, mais cela devrait permettre un décollage plus tôt le matin et un retour plus tardif. L’objectif est de faciliter les déplacements des professionnels, mais également de ceux qui se déplacent pour raisons médicales. Une annonce sera faite à la rentrée et il y aura un geste fait pour les Saint-Martinois, mais je ne peux pas tout dévoiler pour l’instant.
Le 97150 : Pourquoi le CTA a-t-il été remis en Guadeloupe, alors que la compagnie a été achetée par la Collectivité de Saint-Martin ?
NH : Tout simplement, parce que c’est le siège opérationnel de la compagnie et que transporter tous les collaborateurs à un évènement interne de la société aurait coûté trop cher. Le siège est à Pointe-à-Pitre, car à mi-chemin entre la Martinique et Saint-Martin. Nous avions prévu également une cérémonie à Saint-Martin, mais avec toutes les problématiques que nous venons d’évoquer, cela n’a pas été possible. Nous devrions pouvoir le faire juste avant le départ en vacances du Président, le 18 juillet.