Arnaque à l’emploi : Les e-mails frauduleux toujours d’actualité
Le 18 avril dernier, Luis R. inscrit à Pôle Emploi a reçu un courriel lui proposant un emploi de chauffeur. La personne qui se présentait comme un chef d’entreprise français résidant à New York, et de surcroît handicapé, avait besoin d’un chauffeur pour ses déplacements lors de sa venue à Saint-Martin.
Durant les quatre mois de sa mission professionnelle, le chef d’entreprise Didier F., cogérant du Groupe Detemple SAS, proposait un salaire de 600 euros net par semaine, pour 6 heures de travail par jour, « conformément aux dispositions du Code du Travail ».
600 euros net pour aller chercher l’employeur à son hôtel et l’emmener sur ses lieux de rendez-vous, la proposition est intéressante…
Bien entendu, la voiture, une Peugeot 508 boîte automatique, était fournie et les frais de téléphone, de gas-oil et « l’eau de lavage » pris en charge par l’employeur.
Après avoir répondu par retour d’e-mail, la réponse ne s’est pas faite attendre. « J’accuse réception de votre message et je vous garantis que vous êtes retenu pour ce poste durant ma mission ». Un contrat de travail au format PDF était joint et devait être complété et renvoyé.
Piratage de la carte d’identité
Le contrat de travail spécifiait l’adresse de l’employeur à New York et en bas de contrat figurait la photocopie, recto verso, de la carte d’identité de Didier F., originaire du Gard.
Le nombre de fautes d’orthographe qui parsèment le contrat peuvent mettre la puce à l’oreille, mais quand on recherche du travail, cela peut sembler anodin au premier abord…
Luis R. n’a pas donné suite, mais il a été possible de contacter « l’employeur » Didier F.
Le mercredi 3 mai, Didier F. confirme que sa carte d’identité a été piratée, alors qu’il répondait, début mars 2017, à la même offre d’emploi. La photocopie de la carte d’identité envoyée avec le dossier d’embauche a servi à arnaquer, ou à tenter d’arnaquer, des demandeurs d’emplois.
Didier F. a essayer de contacter la personne dont la photocopie de la carte d’identité figurait également sur le contrat de travail qu’il avait signé. En vain.
Se faire avoir comme un bleu
C’est lorsqu’il reçoit des réponses à des propositions d’emploi qu’il aurait envoyées, que Didier F. se doute de quelque chose. Les arnaqueurs se sont servis du contrat qu’il a renvoyé pour l’utiliser et l’envoyer à d’autres demandeurs d’emplois.
« Un jour, j’ai eu une alerte sur mon ordinateur me disant qu’il allait être bloqué » et qu’il devait appeler au plus vite « l’employeur ». L’appel pour éviter le blocage de l’ordinateur lui vaudra de débourser 120 euros. Début avril 2017, alors qu’il doit commencer son « travail », il lui sera demandé un montant supplémentaire de 90 euros, qui sera prélevé pour réparer l’ordinateur…
« Comme je n’y connais rien en informatique, je me suis fait avoir comme un bleu », reconnaît Didier F., avant d’aller mercredi, avec le dossier complet, porter plainte à la gendarmerie. La société Groupe Detemple SAS, dont les données ont été utilisées pour monter l’arnaque, aurait également déposé une plainte.