Inclusivité : l’association SAFE veut sonder la population sur la communauté LGBTQA+ à Saint Martin
«Sxm Alliance for Equality» qui défend les droits de la communauté LGBTQA+ depuis 2013 va bientôt diffuser un sondage pour mieux cibler son action sur le territoire.
SUJET SENSIBLE
Pour fêter ses 10 ans d’action à Sint Maarten, la fondation Sxm Aliance for Equality qui oeuvre aussi du côté français depuis 4 ans a organisé une rencontre à l’Université de Philipsburg vendredi dernier. Le Dr. SN Nyech, ainsi que le révérend Dr. Sam cruz étaient les intervenants de cet évènement placé sous le signe de la journée internationale des droits de l’homme. Ils sont notamment venus parler de l’affirmation et de l’acceptation de la communauté LGBTQA+ par les religions et les spiritualités, ainsi que de l’impact de la colonisation et de l’esclavage sur la compréhension du genre et des sexualités. Un sujet particulièrement délicat, comme le reconnait lui-même Laurent, membre fondateur de SAFE côté hollandais, et président de l’association côté français :«A Saint- Martin, il y a beaucoup de leaders religieux qui portent un message assez dur envers cette communauté, explique-t-il. Et même si on en parle beaucoup dans les médias, je pense que l’on régresse sur ce sujet dans le monde. Il continue : le mouvement est pris à parti sur tout, et est jugé responsable de tous les maux, alors que beaucoup à Saint-Martin ne sont même pas militants, et souhaitent simplement vivre une vie paisible».
PRENDRE LE POULS DE LA POPULATION
Non-binarité, rejet du genre, transidentité… Ces questions ont soulevé de vives réactions dans le débat public ces dernières années et restent assez mal reçues. Ce que Laurent comprend, lui qui se dit «perdu» au milieu de toutes ces étiquettes :«Lorsque les gens pensent aux LGBTQA+, ils ne les voient qu’en dessous de la ceinture, reprend-til, alors qu’il s’agit d’êtres humains. Nous sommes nés comme ça, on ne l’a pas cherché. Cette communauté n’a rien inventé».
Un message pas toujours audible à Saint-Martin où la répartition des rôles de genre reste bien marquée, poussant beaucoup d’homosexuels et de transsexuels à rester cachés pour ne pas s’exposer à la violence familiale ou professionnelle. C’est d’ailleurs pour collecter des data sur l’état de l’opinion publique sur l’île que l’association et ses 35 membres actifs vont diffuser un questionnaire d’une vingtaine de questions début 2024 sous forme de QR Code. Ce dernier sera partagé dans la presse, en ligne, mais aussi dans les écoles. L’objectif : prendre le pouls des saint-martinois sur ces questions sensibles :«Le gouvernement a mis en place le programme pHARe pour lutter contre le harcèlement scolaire en France, explique Laurent. J’ai donc rencontré le rectorat qui considère que la situation des LGBTQA+ s’inscrit dans cette problématique, notamment à l’école. Nous souhaitons donc mettre en place une convention avec lui afin d’être autorisés à aller dans les lycées, et interroger les jeunes, et parler à la société dans son ensemble.»
En posant des questions de type : «Avez-vous une personne LGBTQA+ dans votre famille» ou, «Avez-vous déjà harcelé quelqu’un en raison de son orientation sexuelle ?», SAFE Sxm souhaite orienter plus précisément son action de sensibilisation et mieux répondre aux problématiques de harcèlement auxquelles sont confrontés les membres de cette communauté qui constituerait 3 à 5% de la population de l’île.