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Journée mondiale de la liberté de la presse : une liberté fragile

Par Ann Bouard
03 May 2022
La première journée dédiée à un thème particulier fut celle des droits de l’homme, instituée en 1950 et fixée au 10 décembre. Depuis, le calendrier s’est enrichi et l'Organisation des Nations unies prévoit plus de 140 journées mondiales. Les journées nationales françaises, elles, sont au nombre de 31. Cette semaine, c’est bien évidemment la journée mondiale de la liberté de la presse qui retiendra notre attention, et c’est aujourd’hui !
Si certaines journées interrogent (la journée sans pantalon), si d’autres sont très pointues (comme celle pour l’élimination de la fistule obstétricale), ou si certaines prêtent à sourire (la journée nationale de la chips !), en règle générale, chacune est un moyen de donner une visibilité à une problématique particulière.
Cette semaine sont également célébrées les journées du soleil le 3, des pompiers le 4, de la langue portugaise, de la sage-femme et « cinqo des mayo » (victoire des forces du gouvernement républicain mexicain menées par le Général Ignacio Zaragoza, sur les forces du gouvernement conservateur mexicain et du corps expéditionnaire du Second Empire français dans la bataille de Puebla, le 5 mai 1862) le 5, ainsi que la journée mondiale du coloriage et la journée internationale sans régime le 6 et pour clore la semaine, la journée mondiale de la Croix Rouge le 8 mai.
 
Maintenir la libre circulation des idées par les mots et les images
 
Le 3 mai a été proclamé Journée mondiale de la liberté de la presse par l'Assemblée générale des Nations Unies en 1993. Tous les ans elle permet de rappeler les principes fondamentaux de la liberté de la presse, d'évaluer la liberté de celle-ci à travers le monde, de défendre l'indépendance des médias et de rendre hommage aux journalistes qui ont perdu leur vie dans l'exercice de leur profession. A travers la réflexion de professionnels des médias, elle constitue aussi une manière de rappeler aux gouvernements la nécessité de respecter cette liberté, et tous ne le font pas. En toute impudence, certains états, mais aussi certains conglomérats, continent à contrôler et à gérer l’information par la répression, car les journalistes dérangent.
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) publie chaque année un rapport sur le nombre de journalistes détenus en prison dans le monde. En 2021, ils étaient 293 derrière les barreaux (280 en 2020). En tête des pays peu respectueux de cette liberté, la Chine avec 50 journalistes emprisonnés à fin 2021. La Birmanie suit avec 26 journalistes incarcérés. L'Égypte, le Vietnam et la Biélorussie complètent ce peu glorieux palmarès. Cette année, une fois encore la liberté de la presse est malmenée. L’invasion de l’Ukraine est assortie d’une guerre médiatique, et la Russie a signé une loi le 4 mars dernier qui spécifie que toute personne publiant des « informations mensongères » sur l’armée russe peut encourir jusqu’à 15 ans de prison … de là à reconsidérer la définition même du mensonge, tout dépend de quel côté de la frontière on se situe. Selon le CPJ, en décembre 2021, quatorze journalistes étaient emprisonnés en Russie, mais l’on ne connait pas les chiffres depuis le conflit en Ukraine.
D’autres sont retenus contre leur gré, comme c’est le cas d’Olivier Dubois, dernier otage français dans le monde. Le martiniquais est prisonnier d’un groupe djihadiste au Mali depuis avril 2021.
 
Quel est l’impact du numérique sur la liberté de la presse ?
 
Organisée chaque année depuis 1993, la Conférence mondiale de la liberté de la presse offre aux journalistes, aux représentants de la société civile, aux autorités nationales, aux universitaires et au grand public l'occasion de discuter des nouveaux défis. L’édition de cette année, du 2 au 5 mai à Punta Del Este, en Uruguay, est axée sur « le journalisme sous l'emprise du numérique ». La conférence devrait mettre en lumière « les multiples façons par lesquelles les développements récents en matière surveillance par des acteurs étatiques et non étatiques, ainsi que la collecte du « big data » et l’intelligence artificielle, ont un impact sur l'accès à l'information, la liberté d’expression, la sécurité des journalistes et la vie privée ».
Audrey Azoulay, directrice générale de l'Unesco « invite les États membres, les entreprises technologiques et la communauté des médias, tout comme la société civile, à unir leurs forces pour établir une nouvelle configuration numérique qui protégerait à la fois le journalisme et les journalistes ». En attendant que vous soyez papivore ou connecté, lisez la presse … le 97150 est sur le web et maintient ses deux éditions papier hebdomadaires !
Ann Bouard