Le parfumeur indépendant Pierre Guillaume à la conquête de Saint-Martin
Zoom sur la «parfumerie d’auteur» signée Pierre Guillaume et son approche artisanale unique en Europe.
Qu’elles soient «boisées», «capiteuses», «chyprées», ou «minérales et froides», les senteurs de Pierre Guillaume ont une particularité : elles sont conçues par le seul parfumeur français à posséder son unité de production, sa logistique et sa cave de matières premières (essences, baumes, huiles essentielles, etc.). Pas d’intermédiaire ou de sous-traitance donc, mais plutôt une forme «artisanat d’art» plus libre, faisant encore la part belle au fait-main, et au 100% made in France.
Dans sa manufacture située sur un site classé au patrimoine de l’Unesco, tout est fait sur place par 15 salariés. Quant aux parfums, ils sont embouteillés manuellement par des «dames de table», sans machines :«Nous sommes les derniers à travailler comme cela en Europe, indique Julien Valmont, directeur commercial de la marque actuellement à Saint-Martin. Gérer la conception de A à Z nous permet de contrôler la qualité des parfums et d’avoir un produit hyper artisanal, non testé sur des animaux».
Une philosophie qui trouve un certain écho dans un climat global de prise de conscience sur les modes de consommation, autant dans l’alimentation que dans la cosmétique, et qui semble encore épargner l’univers de la parfumerie. Pourtant, « On se parfume dans la zone proche du cortex et certaines matières peuvent perturber notre fonctionnement, explique Julien Valmont. En venant dans nos magasins, les clients se posent donc des questions qu’ils ne s’étaient pas forcément posés avant».
ARTISANAT D’ART
A rebours de la parfumerie grand public, Pierre Guillaume conçoit ses magasins comme des galeries d’art, sans boites ni emballages apparents, où chaque senteur fait office de création à part entière. Depuis près de 20 ans, le parfumeur autodidacte cultive ainsi sa différence, loin des codes classiques et aux prix du marché :«Nous ne visons pas les élites ou les CSP+, reprend le directeur, car il n’y a pas de snobisme à avoir dans l’olfaction. Nous visons la justesse avec une signature lisible, claire et immédiate. Par ailleurs, contrairement aux marques dites mainstream, poursuit-il, nous concevons l’histoire des parfums avant de les fabriquer pour atteindre une forme d’évidence, et proposons de la parfumerie d’auteur».
DÉCLOISONNER LES SENTEURS
Chez Pierre Guillaume, la frontière entre les sexes n’existe pas, elle est même décrite comme une aberration. Les flacons ne portent donc aucune indication car «Il n’y a pas d’odeur genrée dans la nature, reprend Julien. Une rose ou du bois, ça n’a pas de sexe. C’est réducteur à mourir et ça limite complètement le champ d’action sur ce marché. D’ailleurs, lorsque l’on pense qu’une odeur plaira plus aux hommes, on se rend compte que finalement, elle a plutôt été préférée par les femmes ! » Le message de la maison se veut clair : oui à la séduction avec des parfums imprégnés de phéromones et de musc blanc, et non à l’assignation au nom d’une indépendance aussi bien financière qu’artistique.
UNE APPROCHE PSYCHOLOGIQUE DE L’OLFACTION
La semaine dernière, la marque organisait un cocktail pour faire découvrir ses nouveautés à Saint-Martin en présence de son directeur commercial dans la boutique Goldfinger de Marigot. L’occasion pour les clients de recevoir un profil olfactif complet: «Nous sommes les seuls à aller aussi loin dans la psychologie de l’olfaction, assure Julien Valmont. Nous essayons de cerner au mieux chaque client avec des parfums lactés et au bois tendre pour les profils empathiques à la recherche de quelque chose d’enveloppant ou des parfums qui aident à ralentir son niveau synaptique et à se ressourcer pour les profils fonceurs. Rien n’est laissé au hasard.»
Depuis 2019, Saint-Martin est l’unique distributeur de la marque dans les Caraïbes.