Les grands événements de Saint-Martin sous la menace de l’insécurité
Les épisodes de violence qui se sont produits ces derniers jours, outre le sentiment d’insécurité pour les résidents et les visiteurs, ont des répercussions économiques directes et mettent en péril les grands événements qui contribuent à l’attractivité du territoire. Les Mardis de Grand Case ont été décalés et le Carnaval risque d’être modifié dans son programme.
Mardis de Grand Case : une organisation sous haute vigilance
Initialement programmés le 21 janvier, les Mardis de Grand Case ont été reportés au 4 février (pour 8 éditions) à la demande de la Préfecture. Chantal Vernusse, organisatrice de cet événement emblématique, espère que la situation sécuritaire s’apaisera d’ici là.
Chaque année, l’événement attire des milliers de visiteurs, et est de fait très sécurisé. Une quinzaine d’agents d’une société de sécurité privée sont mobilisés sur chaque édition. Bien qu’ils n’interviennent pas directement, leur présence dissuasive et leur capacité à dialoguer et à alerter les autorités si nécessaire sont essentielles. Parallèlement 10 à 15 agents de la police territoriale en poste fixe à des endroits stratégiques, et mobiles sur le boulevard et des patrouilles de la gendarmerie présentes même au-delà de la soirée, le temps que chacun regagne son véhicule, contribuent à assurer la sécurité. Un système de navette est par ailleurs prévu pour ceux stationnés sur la route de l’Espérance. Un travail est mené avec les desks des hôtels, des deux parties de l’île, pour que leurs clients bénéficient de bus pour se rendre à Grand Case.
« À l’intérieur du boulevard, les visiteurs se sentent en sécurité. Notre priorité est désormais de renforcer la sécurité à l’extérieur pour rassurer et protéger ceux qui quittent l’événement », explique Chantal Vernusse
Au final, c’est la Préfecture qui décide, et en amont de l’événement une réunion sera organisée le 15 janvier avec l’ensemble des services de l’ordre. L’objectif est de garantir la tenue des Mardis de Grand Case qui doivent rester le symbole de la convivialité et de l’esprit de la Friendly Island, « un moment hors du temps où les paillettes prennent le dessus sur la violence » souhaite Chantal Vernusse.
Jouvert Morning : vers une annulation symbolique ?
Autre événement qui contribue à la dynamique économique et fait rayonner le territoire au-delà de ses frontières, le Carnaval (du 7 au 16 février pour les pré-événements et du 21 février au 5 mars pour le Jouvert Morning et les parades). Luciana Raspail, présidente du comité des festivités carnavalesques, évoque la possibilité d’annuler le Jouvert Morning, une décision forte destinée à dénoncer la violence et à condamner tous ces actes. C’est aussi pour alerter sur la responsabilité des parents. Depuis plusieurs années, force est de constater que le public qui y assiste est de plus en plus jeune, souvent livré à lui-même, dans un contexte parfois propice à des débordements liés à l’alcool. « L’année dernière à la radio, nous avions tenté de sensibiliser les parents sur le fait que les enfants doivent être accompagnés à un tel événement », précise Luciana. C’est pourquoi, si l’annulation du Jouvert est imposée par la Préfecture, le Comité n’y verra pas d’inconvénient.
La priorité est de maintenir les parades, véritables vitrines du Carnaval et fruits de plusieurs mois de préparation, notamment pour les créateurs de costumes. « Les habitants ne comprendraient pas une annulation totale, mais il est impératif de renforcer la sécurité pour apaiser les craintes », ajoute la présidente.
Elle souhaite qu’un travail avec la Préfecture soit mené afin que la gendarmerie, d’ores et déjà présente pour contrôler la circulation, le soit également pour la sécurité. Luciana Raspail est catégorique sur le fait que tout dérapage lors de l’une des animations, aussi minime soit-il, aura pour conséquence l’annulation des autres. « Il n’y aura aucune tolérance, car on ne souhaite pas qu’une affaire qui n’a rien à voir avec le Carnaval vienne le perturber », indique-t-elle.
« Ces actes de violence ne sont pas représentatifs de la population ni de Saint-Martin. On est prêt à travailler avec la Préfecture et la Collectivité pour mettre en place toutes les mesures de sécurité nécessaires afin de garantir un Carnaval sain et sauf à tous. Cela nous rend la tâche plus difficile, mais nous ferons tout ce qui est dans nos moyens pour que cela se passe bien ».