Logement : l’urgence de trouver des solutions
La FEDOM (Fédération des Entreprises des Outre-Mer) a lancé un cycle de séminaires dans l’ensemble des territoires ultramarins sur le thème la construction et du logement. Son Président, Hervé Mariton, était présent à Saint-Martin samedi pour animer le débat autour de deux tables rondes.
L’objectif de ces séminaires est d’identifier les attentes de chaque territoire et les points de blocage, d’échanger avec les entreprises et partenaires locaux pour faire avancer le débat et amener des réponses concrètes. Nombre de chefs d’entreprises et de responsales institutionnels étaient donc présents au lycée Daniella Jeffry pour échanger avec le Président de la FEDOM, mais aussi avec le Préfet Vincent Berton, Alain Richardson avec la double casquette de vice-président de la Collectivité et de Président de la Semsamar, Bernadette Davis, 2e viceprésidente en charge de la délégation au Cadre de vie de la Collectivité et Michel Vogel, Président de la FIPCOM-MEDEF, organisateur de la rencontre.
LE CONSTAT
Le logement représente un enjeu considérable tant pour les entreprises que pour la société. Le BTP est un secteur économique extrêmement important dans tous les outre-mer, et sans doute l’un des secteurs les mieux organisés, mais qui fait face aujourd’hui à une crise cyclique, une crise mondiale et une crise de légitimité politique … rendant le climat peu favorable à l’égard du logement. De plus, à Saint-Martin le contexte démographique rend l’accès au logement difficile et la demande est forte.
Les 3 bailleurs sociaux du territoire (Semsamar, Sig et Sikoa) cumulent 1800 logements. La Semsamar vient de livrer 52 logements sociaux à la Savane (ce qui n’avait pas été réalisé depuis 2027), mais ce sont plus de 3000 personnes qui sont sur liste d’attente. Les logements intermédiaires font eux aussi défaut : une personne au Smig (1398,69 € net) ne peut se loger. A titre indicatif il en coute 22€ du m2 dans le circuit classique et 6€ du m2 pour les logements sociaux. A Saint-Martin, troisième territoire français le plus pauvre, on estime que 50% de la population est éligible au logement social.
« QUELS BESOINS POUR LES HABITANTS, QUEL RÔLE POUR LES ENTREPRISES ? »
Le concept du logement social est à bout de souffle et la crise du logement résulte du désengagement progressif de l’État estime Jean-Paul Fisher. Des mesures doivent être prises pour faire évoluer le système de production de logements : réduction de la TGCA des droits de transaction, exonération de la taxe foncière, bail réel solidaire, création d’un fonds de garantie pour les familles, retour de la loi Girardin sur la défiscalisation. L’ex directeur de la Semsamar ajoute qu’il faut inventer en outre un dispositif qui sorte du cadre actuel, en changeant les règles de la commande publique pour plus de rapidité et d’efficacité. Mais il va plus loin en annonçant que c’est toute la physionomie du logement qui va changer dans les années à venir, et que pour loger tout le monde il faudra se résoudre à des immeubles de 5 à 6 étages avec bien entendu tous les services présents pour limiter les déplacements, un petit Hong-Kong en quelque sorte ! Une vision que ne partage pas tout à fait l’actuel Directeur de la Sem, qui préfère parler d’aménagements (eau, assainissement, etc) pour pouvoir décider des zones de bâti et d’éléments structurants avant de parler de constructions et de volumes.
Bâtir des outils d’aménagements qui soient performants est certes une nécessité mais qui doit tenir compte des risques naturels plus importants ici qu’ailleurs a rappelé cependant le Préfet dont la priorité est de mettre la population en sécurité.
Il faut donc aborder le problème d’une manière différente à Saint-Martin pour trouver un moyen de financer le logement, intermédiaire essentiellement, et favoriser l’accès à la propriété estime de son côté M. Gumbs, entrepreneur BTP.
« FINANCEMENTS, LES DÉFIS D’UN MODÈLE À RENOUVELER »
Hausse du foncier, flambée du prix des matériaux de construction, remontée des taux d’intérêt, normes inadaptées à la réalité géographique… sont autant de facteurs qui augmentent le coût de production. Cette 2e table ronde a permis de mettre en exergue également la problématique des assurances : dommage ouvrage ou décennale (de 30 à 50% plus chère dans les outremer), secteurs qui peinent à s’assurer (plaisance, agriculture, pêche), risques non pris en compte (sargasses), installations non couvertes (piscine, panneaux photovoltaïques). Du côté des banques, le taux d’endettement de 35% maximum, des crédits ne pouvant excéder 25 ans, et des apports demandés plus conséquents, limitent l’accès à la propriété. Le nouveau directeur de la Bred est cependant optimiste annonçant une baisse des taux et un assouplissement sur les apports. Il reçoit d’ailleurs davantage de demandes de financement, mais pour du saisonnier ; Autre problématique, comment trouver le juste équilibre entre logement touristique et logement permanent ?
En conclusion, la création d’un Comité local du logement semble une nécessité notamment pour une simplification administrative et pour prendre en compte les particularités du territoire, qui doivent être débattues au niveau national et considérées par la Collectivité, qui détient la compétence logement depuis 2012. Par la voix du Préfet, l’Etat se dit totalement engagé et résolu à accompagner la Collectivité sur cette problématique.
Mais si la validation d’Action Logement est certes une avancée pour Saint-Martin, rien n’est encore réglé pour Alain Richardson qui a sollicité l’avis du Conseil d’ État pour mutualiser la PEEC et se bat pour l’intervention de l’établissement foncier de Guadeloupe soumis à agrément du Préfet de région … qui estime qu’au vu de la loi organique cela ne serait pas régulier. De nombreux mois vont donc encore être perdus en raison des procédures et lenteurs administratives.
Tous ces sujets vont cependant nourrir la réflexion de la FEDOM qui a décidé de s’engager sur cette problématique du logement en 2024 avec une approche plus territorialisée et concertée.