Merci Monsieur le vice-recteur !
Par Ann Bouard
27 June 2022
Homme discret, empreint de modestie, préférant mettre ses équipes sur le devant de la scène, Michel Sanz a, durant sept ans, su faire évoluer l’éducation sur le territoire. Avec lui, Saint-Martin ne fait plus partie des oubliés de l’Académie et l’on ne compte plus les projets, événements ou changements qu’il a mis en place avec succès car il a eu l’intelligence de s’appuyer sur les spécificités et différences des Iles du Nord pour en faire des atouts. Ce mardi, il fera ses au-revoir lors d’un « pot de départ à la retraite » au lycée professionnel Daniella Jeffry, un lieu qu’il a choisi sciemment. Rencontre avec celui qui restera dans le cœur des Saint-Martinois comme le premier vice-recteur des îles du nord, au sens propre comme au sens figuré.
Dans quel contexte êtes-vous arrivé à Saint-Martin ?
J’avais été nommé en Guadeloupe, mais trois semaines après mon arrivée on m’a proposé Saint-Martin. Je suis arrivé pour le pot de départ de mon prédécesseur le 16 septembre 2015 en tant que chef du service de l’éducation.
J’ai été par la suite nommé IA-DAASEN (directeur académique adjoint des services de l’éducation nationale) le 28 avril 2017 et enfin premier vice-recteur des îles du nord depuis le 18 décembre 2019. Mais cette évolution de poste est due avant tout au changement de statut de l’île, et s’explique par l’histoire et la géographie des départements d’outre-mer.
Dès la création de ce poste en 2008, le rôle du représentant du recteur était mal défini, il y avait des manques forts, et l’habitude des établissements était de traiter en direct avec le rectorat. Le premier constat était qu’il y avait un besoin impératif d’une gestion de proximité et d’un interlocuteur sur place pour faire le lien. A l’époque nous n’avions pas accès aux données et la gestion des inscriptions dans les collèges et lycées était faite en Guadeloupe. Les familles, et les personnels, étaient dépendants des réponses et directives de l’Académie.
Le député Gibbs avait demandé la création d’un vice-rectorat au ministre de l’Éducation Nationale afin de pouvoir gérer les problèmes directement sur place. La réponse du ministère a été la création d’un poste de DAASEN. J’ai candidaté et été retenu, mais il manquait la structure qui restait à mettre en place.
J’ai été par la suite nommé IA-DAASEN (directeur académique adjoint des services de l’éducation nationale) le 28 avril 2017 et enfin premier vice-recteur des îles du nord depuis le 18 décembre 2019. Mais cette évolution de poste est due avant tout au changement de statut de l’île, et s’explique par l’histoire et la géographie des départements d’outre-mer.
Dès la création de ce poste en 2008, le rôle du représentant du recteur était mal défini, il y avait des manques forts, et l’habitude des établissements était de traiter en direct avec le rectorat. Le premier constat était qu’il y avait un besoin impératif d’une gestion de proximité et d’un interlocuteur sur place pour faire le lien. A l’époque nous n’avions pas accès aux données et la gestion des inscriptions dans les collèges et lycées était faite en Guadeloupe. Les familles, et les personnels, étaient dépendants des réponses et directives de l’Académie.
Le député Gibbs avait demandé la création d’un vice-rectorat au ministre de l’Éducation Nationale afin de pouvoir gérer les problèmes directement sur place. La réponse du ministère a été la création d’un poste de DAASEN. J’ai candidaté et été retenu, mais il manquait la structure qui restait à mettre en place.
Quels ont été les changements les plus notables ?
Avec l’arrivée en 2016 de Tom Toussaint, nous avons pu mettre en place un accueil pour les familles ce qui constituait déjà une véritable avancée. L’année suivante, il faut reconnaitre qu’Irma, en révélant les manques, a été un accélérateur mais aussi un coup de projecteur. La visite d’Emmanuel Macron a été un premier déclencheur et le ministre de l’Éducation a nommé un émissaire qui a fait le constat que les moyens étaient insuffisants pour fonctionner.
Dans les mois qui ont suivi Irma, un véritable service de l’Éducation s’est mis en place, avec un service administratif, le référencement des établissements, des créations de poste, une assistante sociale pour les personnels (jusqu’alors présente ½ journée par semaine, elle est aujourd’hui à plein temps) et l’accès à toutes les base de données utiles pour une gestion de proximité des élèves et des personnels.
Dans les mois qui ont suivi Irma, un véritable service de l’Éducation s’est mis en place, avec un service administratif, le référencement des établissements, des créations de poste, une assistante sociale pour les personnels (jusqu’alors présente ½ journée par semaine, elle est aujourd’hui à plein temps) et l’accès à toutes les base de données utiles pour une gestion de proximité des élèves et des personnels.
Quelle vision avec-vous aujourd’hui de l’Éducation dans les îles du nord ?
J’avais été frappé à mon arrivée par l’image dégradée de l’éducation nationale. Par ailleurs beaucoup de choses se faisaient dans les écoles mais sans cohérence et il y avait beaucoup d’idées reçues. Il fallait en premier lieu restaurer l’image. Aujourd’hui je n’entends plus dire « nous sommes les oubliés de l’Académie ».
On a pu faire comprendre que si les Iles du Nord font partie de l’Académie de Guadeloupe, ici ce n’est pas la Guadeloupe. Elles s’inscrivent désormais totalement dans l’Académie et sont bien ancrées. J’ai souhaité rendre visible ce que faisait l’éducation nationale, avec les forces et les faiblesses, sans oublier que c’est l’école de la République.
On a pu faire comprendre que si les Iles du Nord font partie de l’Académie de Guadeloupe, ici ce n’est pas la Guadeloupe. Elles s’inscrivent désormais totalement dans l’Académie et sont bien ancrées. J’ai souhaité rendre visible ce que faisait l’éducation nationale, avec les forces et les faiblesses, sans oublier que c’est l’école de la République.
S’il fallait faire un bilan, de quoi seriez-vous le plus fier ?
La transformation d’une seule SEGPA (section d'enseignement général et professionnel adapté) en deux, une au collège Mont des Accords et une au collège de Quartier d’Orléans, pour permettre à tous les élèves qui relèvent de ce dispositif d’en bénéficier. Tout cela en favorisant les interactions entre les deux établissements. Les classes bilingues sont également une fierté car elles n’existent pas ailleurs dans ce format. En 2022, ce sont 800 élèves qui bénéficient de cet enseignement à 50% en français et à 50% en anglais. L’objectif est de s’appuyer sur la langue maternelle pour que l’élève soit à l’aise dans les deux langues.
L’évolution de la carte des formations, avec des actions adaptées au territoire dont trois BTS en formation initiale, l’ouverture de trois séries technologiques, un BAC pro métiers de la sécurité, les deux classes CHAM, sans oublier la classe orchestre à Sandy Ground et bientôt à la rentrée l’ouverture de deux classes à horaires aménagés « théâtre » font aussi partie de mes satisfactions. J’ai un attachement particulier également à l’opération « Art en Fête » que l’on a instauré en 2016 et qui permet aux élèves de rencontrer les arts et de les pratiquer bien sûr au festival « Langues et cultures » qui a permis de mettre en avant la richesse linguistique et les talents des deux îles.
L’évolution de la carte des formations, avec des actions adaptées au territoire dont trois BTS en formation initiale, l’ouverture de trois séries technologiques, un BAC pro métiers de la sécurité, les deux classes CHAM, sans oublier la classe orchestre à Sandy Ground et bientôt à la rentrée l’ouverture de deux classes à horaires aménagés « théâtre » font aussi partie de mes satisfactions. J’ai un attachement particulier également à l’opération « Art en Fête » que l’on a instauré en 2016 et qui permet aux élèves de rencontrer les arts et de les pratiquer bien sûr au festival « Langues et cultures » qui a permis de mettre en avant la richesse linguistique et les talents des deux îles.
Avez-vous un regret, un sentiment d’inachevé ?
La coopération et les échanges avec Sint Maarten et Anguilla. On aurait pu aller beaucoup plus loin. Il y avait des projets en cours, mais qui ont été stoppés par Irma. Mais rien n’est perdu, et je suis convaincu que nous allons avancer sur ce point.
Quels souvenirs de Saint-Martin emporterez-vous dans votre valise ?
Beaucoup ! Le premier est l’après Irma, car un tel événement laisse forcément des marques. Je retiens de cette période extrêmement chaotique, des liens humains que je ne peux pas oublier. Mais dès mon arrivée, j’ai été touché par la gentillesse des gens, qui me disaient spontanément bonjour, et par cette convivialité. Je me suis senti bien ici. Un sentiment qui n’a fait que se confirmer. Toutes ces nationalités, tous ces gamins mélangés, les langues différentes, la gentillesse et la courtoisie des gens, ces richesses qui font le charme de Saint-Martin … c’est tout cela que j’emporterai avec moi.
Le successeur de Michel Sanz prendra ses fonctions officiellement le 1er septembre. Il sera choisi parmi les candidats, qui ont répondu à l’appel à candidature nationale, par la Rectrice de l’Académie en lien avec le ministère de l’Éducation Nationale.
Ann Bouard