Métimer : il est temps de penser à la filière nautique !
Après trois ans à la Présidence de Métimer, et avant de laisser la place, Béatrice Gravouil Wojcik fait le point et tire la sonnette d’alarme. Les professionnels du nautisme font face à des difficultés qui mettent en jeu leur pérennité. Elle en appelle aux élus pour faire évoluer la filière.
Béatrice Gravouil Wojcik reconnait avoir eu pendant trois ans le bonheur d’apporter sa pierre à l’édifice et se réjouit de la mise en place de commissions qui ont permis de refédérer les professionnels du secteur. Autre point de satisfaction, les demandes réitérées de la Collectivité ou de la Préfecture, pour les questionnements quant à l’économie bleue, entre autres. Un grand nombre de fiches techniques ont en effet été créées suite aux Assises de l’économie bleue de 2022. Mais tout n’est pas aussi rose.
REVOIR L’ACCUEIL DES PLAISANCIERS
Saint-Martin est toujours une belle escale mais manque de structures publiques. Les plaisanciers n’ont pas accès aux marinas, pleines, et doivent se contenter des bouées de mouillage (trop raides, qui cassent les amarres et dont le paiement doit s’effectuer à Galisbay). Il devait y avoir une zone pour les plaisanciers de passage et 2 zones pour les séjours de plus longue durée avec des tarifs dégressifs, mais ce n’est pas le cas. L’accueil terrestre est toujours moribond, avec un seul ponton, en incapacité d’accueillir les annexes des 85 bouées de la baie. Les plaisanciers, sont de moins en moins nombreux car ils n’ont pas les services offerts par les îles avoisinantes (services postaux, sanitaires, point d’informations, collecte des déchets, etc). Saint-Martin ne dispose pas non plus de quai public pour l’accueil des Day charters. Les seules options sont l'Anse Marcel, privée, et la Marina Fort Louis où les bateaux à moteur sans annexe doivent réserver et payer 36€ le temps du débarquement.
Métimer propose une réorganisation du quai de Marigot (138m): 58m réglementés pour les Ferrys, 30m pour les Day charters et 40m pour les Dinghys. Pour Métimer, ce plan permettra non seulement de résoudre la question pressante de l'accès au quai pour les Day charters, mais aussi de stimuler l'économie locale en encourageant le tourisme à Marigot. Avec des mouillages éloignés, les commerces ont déjà enregistré une baisse de 30% de leur chiffre d’affaires. Le coût d’installation d’un tel accueil, qui pourrait être situé au marché aux poissons, est estimé à 140 000 €.
FOND COMPENSATOIRE DES CARBURANTS
Autre problématique, le coût du carburant. Jusqu’à présent entre fluctuations et cours du dollar, les professionnels de Saint-Martin n’avaient pas fait entendre leur voix. Mais désormais, avec un tarif de 1,45 à 1,50 € du litre depuis un an (avec un delta de ± 13c par litre de taxes), ils doivent rogner sur leur marge, car impossible d’augmenter le prix du poisson ou des activités nautiques. Comment préserver une pêche locale et des activités attractives tout en restant concurrentiels par rapport aux professionnels de Martinique ou de Guadeloupe qui bénéficient d’un carburant à 0,82€ du litre ? Si la logistique reste à mettre en place, la demande d’un fonds compensatoire de 252 000 €, basée sur la consommation annuelle des bateaux des opérateurs a été adressée en janvier à la Collectivité.
PENSER FORMATIONS !
La Présidente de Métimer interpelle les élus : il est temps de penser au nautisme, pour les formations aussi ! Si les sportifs locaux ont montré l’exemple en représentant Saint-Martin au plus haut niveau que ce soit en surf, kite, foil … il y a de nombreux secteurs du nautisme qui ont besoin de techniciens expérimentés. Un renforcement des formations adaptées à la filière permettrait une montée en compétence des acteurs locaux et serait source d’attractivité pour le territoire. D’autres points urgents restent encore à régler : le contrat de maintenance toujours pas signé par la Collectivité pour le Pont de Sandy Ground, l’ouverture du pont trois fois par jour au lieu de deux, l’absence de délégation de service public pour la gestion de la Marina Royale, la création du Comité des pêches, la rénovation du quai d’embarquement de Pinel, la surveillance des plages, etc.
Les professionnels du nautisme ont besoin de se faire entendre car à ce rythme, estime la Présidente, ils ne vont pas tenir longtemps et leur difficulté va rejaillir sur l’ensemble de l’économie locale.
Malgré ces problématiques, Métimer poursuit ses actions pour faire découvrir le nautisme et plus largement le monde de la mer à la population. A suivre dans notre prochaine édition.