Skip to main content

Saint-Martin et Saint-Barthélemy sortent du commandement militaire de la Guadeloupe

16 January 2024

 « Historique ». C’est en ces termes que le préfet délégué Vincent Berton a qualifié la création officielle du premier commandement autonome des collectivités de Saint-Martin et Saint-Barthélemy qui ne répondront bientôt plus à l’appellation « îles du Nord ». 

SORTIR DE LA SOUS-ADMINISTRATION

C’est officiel, les îles de Saint-Martin et Saint-Barthélemyne sont plus rattachées au commandement militaire de la Guadeloupe. Sous-préfectures à partir de 1963, puis collectivités d’outre-mer en 2007 avec un préfet délégué en 2009, nos territoires bénéficieront désormais d’une réelle autonomie dans leurs prises de décisions locales ainsi que de moyens renforcés. Un tournant dans l’histoire de leur administration, et même un «premier geste vers la création d’une préfecture de plein exercice» pour Vincent Berton :«Cela traduit la volonté du Président de la République depuis Irma de réarmer localement l’Etat, de donner plus de moyens et d’autonomie pour plus d’efficacité, et surtout, de mettre un terme à une longue histoire de sous-administration de nos îles». Pour l’évènement, le général de corps d’armée Lionel Lavergne avait fait le déplacement depuis Saint-Barthélemy afin d’inaugurer en présence d’élus et des autorités civiles la création du commandement de gendarmerie (COMGED) Saint-Barthélemy -Saint-Martin, ainsi que la prise d’armes du colonel Maxime Wintzer-Wehekind, qui devient le premier commandant de cette nouvelle gendarmerie autonome :«Ce commandement constitue à la fois le début d’une nouvelle histoire et un aboutissement», a affirmé le commandent de la gendarmerie d’Outre-mer Lionel Lavergne en rappelant le rôle centrale des gendarmes «dont le lien avec la population a atteint un paroxysme après Irma». Une «nouvelle page d’histoire», mais aussi de «nouveaux défis» : la lutte contre les nouvelles formes de délinquance, la coopération interservices notamment avec la chaine judiciaire, et la coopération internationale avec le sud de l’île, car «nos collègues de la partie néerlandaises partagent les mêmes préoccupations que nous face à l’insécurité croissante et au phénomène des gangs criminels». Une tâche pour laquelle le colonel Maxime Wintzer se dit prêt, tout en soulignant «un immense honneur et une énorme responsabilité, d’autant plus ici avec les aléas climatiques.»

En termes de moyens, les 239 brigades supplémentaires annoncées par le Président de la République devraient être déployées dès 2024. Même chose pour la brigade mobile de Sandy Ground qui vient renforcer les effectifs existant et créer un lien de proximité avec la population. Côté opérationnel, Wintzer est désormais placé sous le commandement directe du patron de la gendarmerie d’Outre-mer Lionel Lavergne, et non plus de la Guadeloupe, même si les trois îles conservent «un lien de soutien fort».

«VOUS N’ETES PAS DES SHERIFS»

Le préfet délégué Vincent Berton s’est lui aussi félicité d’une décision «qui reconnait l’identité propre de Saint-Martin et Saint-Barthélemy», et ne voit pas de contradiction entre une république décentralisée avec un état fort, et des collectivités autonomes. Non sans responsabilités tout de même pour les gendarmes engagés dans un rôle de défense des plus vulnérables, et qui ne sont en ce sens «ni des justiciers, ni des schérifs, dans un navire insulaire à la manœuvre parfois délicate». Rappelant leur devoir de respect du droit et de la probité, le préfet a souligné que leur «force ne devait rien à la possession d’une arme», et que leur action « ne devait rien non plus à l’arbitraire et à la brutalité», et devait plutôt se fonder sur «une appréciation lucide et juste des situations avec des réponses tactiques adaptées dans le respect du droit,et de la dignité humaine, en particulier dans un contexte de violences de plus en plus désinhibées».

Désormais commandant de cette gendarmerie de Saint-Barthélemy et Saint-Martin, la nomination du colonel Maxime Wintzer est «la consécration d’une carrière exemplaire, d’un savoir-faire opérationnel, et d’une maitrise des situations à risque reconnue» selon Vincent Berton. Il reprend le flambeau de Mario Lembert, commandant de la gendarmerie de Guadeloupe.

Le renforcement des moyens de cette nouvelle gendarmerie permettra d’améliorer les capacités de renseignement et d’investigation, et de renforcer l’action de la police nationale. Objectif pour le préfet : «lutter contre la délinquance à laquelle nous sommes particulièrement confrontés (…), préserver l’attractivité des deux îles, et en faire des symboles de paix, de joie et d’insouciance. L’État y apportera toute sa détermination. »