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Condamné pour violences sur sa fiancée, en récidive

Par Ann Bouard
24 Septembre 2024

Sur les 18 affaires jugées lors de l'audience du 12 septembre, huit concernaient des faits de violences, dont la moitié des violences faites aux femmes. D’autres suivront, et chaque semaine les magistrats sont confrontés à des dossiers du même acabit. Une situation inacceptable qui démontre la banalisation des violences à l’encontre des femmes,  et alarmante, car les coups portés le sont le plus souvent en récidive.

Dans cette affaire, elle est dans la salle du tribunal de Saint-Martin et fait face à son ex-conjoint violent par écran interposé. Il est détenu en Guadeloupe et assiste à son procès en visioconférence. Les faits qui lui sont reprochés remontent au 6 mars dernier, date à laquelle la victime a déposé plainte. Le même jour, l’homme de 37 ans s’est lui aussi déplacé à la gendarmerie pour avouer qu’il a commis des violences sur sa compagne.

LA THÈSE DU TROU NOIR

À l’issue d’une dispute, elle décide de rompre et lui rend sa bague de fiançailles, qu’il jette dans les toilettes. Une nouvelle dispute s’en suit, mais cette fois il la frappe et la pousse. En tombant, la jeune femme est blessée à la tête, ce qui lui vaudra 8 points de suture sur le cuir chevelu.

En garde à vue, l’homme présente, à 9h30 du matin, un taux de 0,47mg d’air expiré. Il dit n’avoir aucun souvenir de ce qui s’est passé. Il était aux Mardis de Grand Case et attendait un ami au bar d’un établissement du village lorsqu’il s’est fait accoster par une jeune polonaise, venue pour le SXM Festival. Il indique qu’elle avait plein de pilules dans son sac, mais avoir refusé d’en prendre. Après cet épisode, il ne souvient plus de rien et affirme avoir été drogué. Quand il se réveille le lendemain matin, il a les mains sur la gorge de sa fiancée, qui saigne à la tête.  Il ne nie pas les faits. Depuis 7 mois, en détention, il dit réfléchir toujours à ce qui a pu se passer. Il soutient à la juge que de lui-même « il n’aurait jamais fait çà et que c’est parce qu’on l’a drogué ».

ÇA SUFFIT !

À la barre, la jeune femme lit le texte qu’elle a préparé. Elle ressent de la colère et de la peur. Elle lui reproche son addition à l’alcool. Depuis les faits, elle ne travaille plus, car elle ne peut supporter de se rendre dans le bar où ils travaillaient ensemble. Elle souffre de stress, de dépression et s’est endettée. Elle conclut « je ne resterai plus jamais les bras croisés, je te pardonne, pas pour toi, mais pour moi, car aujourd’hui je suis libre ».

L’avocat de la victime rappelle que l’homme a des difficultés à gérer ses émotions et présente une dépendance à l’alcool. Aucune trace de LSD n’a été trouvée lors des analyses, ce qui est contradictoire avec les déclarations du prévenu. « C’est un individu dangereux pour les femmes qui l’accompagnent » juge l’avocat qui indique que l’homme terrorise non seulement sa cliente, mais également son ex, et qu’il est en état de récidive. En effet, son casier judiciaire fait état de plusieurs condamnations, dont un an avec sursis et obligation de soins pour violence sur conjoint déjà en 2021. Pour l’avocat, ça suffit !

RETOUR À LA CASE PRISON

Le tribunal retient que les faits se sont déroulés dans le cadre d’un sursis, et que ces violences auraient pu avoir des conséquences dramatiques. L’homme a été condamné à deux ans de prison, dont 10 mois assortis d’un sursis. Il ne pourra plus avoir de contact avec son ex-compagne et a l’obligation de se faire soigner pour son addiction dès sa sortie de prison. Il devra payer 4000€ à sa victime au titre de préjudice moral et s’acquitter des sommes dues au Trésor public.  

Ann Bouard