Garde d’enfants : une véritable guerre des roses

Une intrusion musclée par une mère et ses amies avec menaces de mort au domicile du père qui pour riposte brandit un coutelas. Tous deux étaient à la barre du tribunal jeudi dernier, afin répondre de ces faits qui se sont déroulés l’année dernière, et de leurs agissements disproportionnés pour récupérer la garde de leurs enfants. Cette “guerre des roses” dure depuis trois ans.
En octobre 2024, Madame débarque au domicile de son ex-compagnon (avec qui elle a 2 enfants), alors qu’il se trouve en compagnie de sa petite amie. L’altercation physique débute entre eux, puis Madame reçoit le renfort de sa meilleure amie, puis de trois autres copines. Elle profère des menaces de mort, “je vais envoyer quelqu’un pour te tuer”; ce qui aurait déclenché une menace au coutelas par Monsieur, justifiant qu’il voulait que ces intrus de sexe féminin sortent illico de chez lui. Il aurait d’abord menacé une des amies de son ex-compagne de lui envoyer un parpaing à la figure pour commencer... £
Dans cette escalade de violences réciproques, un voisin s’interpose courageusement pour mettre fin à ce combat de catch parental auquel heureusement les enfants n’ont pas assisté, ayant été conduits dans l’intermède chez leurs grands-parents maternels par le père. Ce dernier prétend n’avoir jamais été au courant qu’une amie de Madame, viendrait chercher ses enfants.
Il déclare juste s’être défendu contre ce groupe de femmes, toutes liguées comme des furies contre lui. Madame reconnaît les menaces de mort et de l’avoir traité de mauvais père, plus autres noms d’oiseaux... Quant à Monsieur, il se décrit comme un bon père et se plaint d’avoir été obligé de se défendre par une gifle et avec ce qu’il a trouvé de dissuasif pour faire déguerpir les intrus de son domicile. Il reconnait que la riposte était un peu disproportionnée concernant les outils envisagés (parpaing, coutelas...)! La victime est suivie par France victimes sur le plan psychologique. Elle a eu aussi 5 jours d’ITT (contusions, hématomes évoquant une strangulation...).
Des versions contradictoires mais cohérentes
Pour l’avocate de Monsieur, son client est un bouc-émissaire dans cette affaire qui a pour but de le faire passer pour un homme violent afin de récupérer la garde exclusive des enfants. Il participe aux besoins des enfants matériellement et sur le plan éducatif. Pour elle, il ne s’agirait pas d’essentialiser les violences conjugales en mettant la faute exclusivement sur les hommes. Elle explique que son client serait régulièrement victime de violences verbales, physiques et plus grave, de menaces de mort réitérées, ce qui lui aurait fait perdre son sang-froid face à une femme fragile psychologiquement qui a besoin de trois personnes pour gérer ses enfants. Pour appuyer ses dires, elle souligne que le conseil de Madame représenterait aussi les intérêts des enfants dans la procédure avec le JAF et que cette intrusion de femmes n’aurait aucun sens puisque les enfants étaient chez les grands-parents. Quant à la présence du coutelas, elle précise que ce serait courant d’en posséder aux Antilles.
Le conseil de Madame dénonce une emprise de Monsieur sur sa cliente, de la violence conjugale l’ayant conduit à une dépression et à une démission de son poste. La riposte de Monsieur serait disproportionnée, évoquant par ailleurs des armes à domicile potentiellement dangereuses pour les enfants. Elle plaide pour un stage de responsabilisation parentale ou une amende pour sa cliente, nouvellement insérée professionnellement.
Pour le procureur, les versions sont cohérentes de chaque côté. Il observe que les parties semblent avoir pris conscience de la gravité de leurs actes, se réjouissant que les enfants n’aient pas assisté à la scène et que le voisin soit intervenu courageusement pour faire cesser le combat entre parents. Le ministère public a requis 18 mois d’emprisonnement avec sursis pour Monsieur et 6 mois d’emprisonnement assorti d’un sursis pour Madame. Les deux conseils ont demandé la relaxe de leur client assorti de dommages et intérêts pour leur client respectif. L’affaire complexe, a été mise en délibéré le 5 juin prochain.
