Manuel Valls : « L’État est là ! »

Sous la pluie et tambour battant, le ministre de l’outre-mer a enchaîné vendredi après-midi les visites pour prendre le pouls du territoire et faire le point sur le travail de reconstruction entrepris. Ce long déplacement aux Antilles, mais de quelques heures à Saint-Martin, avait pour priorités l’insécurité et la vie chère.
Après un rapide coup d’œil sur la future cité administrative et judiciaire, l’occasion de réaffirmer la présence de l’État incarnée désormais par un préfet de plein exercice, le ministre a pris un peu plus de temps sur le chantier du collège 900, un établissement qui peut voir le jour grâce au financement de l’État. Après avoir écouté attentivement la présentation de Christian Climent-Pons (directeur de la reconstruction du système éducatif), sur la réalisation du bâtiment, les surcoûts et les obstacles qui restent encore à franchir pour une ouverture désormais prévue en 2026, Manuel Valls a visité le collège de fond en comble. Il s’est ensuite rendu au Service Territorial d’Incendie et de Secours (STIS), accueilli par le capitaine Anthony Arnould et le contrôleur général, le colonel Félix Anténor-Habazac (directeur du SDIS de Guadeloupe).
Sécurité : « nous ne lâchons pas Saint-Martin »
L’une des priorités de son déplacement, qui « trouve tout son sens à Saint-Martin, est la lutte contre l’insécurité et la violence, contre le trafic de drogue, ce qui nécessite encore davantage d’actions et de moyens de l’État, de la gendarmerie et des services de police judiciaire » a indiqué le ministre. Pour Manuel Valls « le narcotrafic et la violence représentent des défis existentiels pour les sociétés antillaises, et pour la Caraïbe d’une manière générale », et il est nécessaire de continuer à renforcer la coopération. Lors de sa visite à la gendarmerie de la Savane, le lieutenant-colonel Hugues Loyez a fait le point sur le déploiement de dispositifs renforcés, mais également sur l’efficacité des escadrons de gendarmes mobiles et sur les différents dispositifs à venir. Le ministre s’est engagé à maintenir les moyens et à intervenir auprès du ministre de l’Intérieur sur le rattachement de l’OFAST (Office anti-stupéfiants) directement au commandement de la gendarmerie de Saint-Martin.
RSMA et handicap
Dans le même registre et sur les questions éducatives et d’insertion, le ministre s’est déclaré favorable à ce que le RSMA puisse véritablement s’implanter sur le territoire. Il s’agit d’offrir un cadre à la jeunesse, lui donner une chance et des perspectives en termes d’insertion. Le RSMA constitue un outil pour encadrer, former et préparer l’avenir de la jeunesse, pour qu’elle puisse aller de l’avant. Un moyen détourné de lutter contre la délinquance également.
Pour l’aspect social et santé, Manuel Valls s’est rendu à l’IME Tournesol porté par l’association OVE-Caraïbes, premier établissement médico-social pour enfants et jeunes en situation de handicap à ouvrir sur Saint-Martin en 2023. Il a d’ailleurs pu échanger directement, et en toute simplicité, avec des bénéficiaires de cet institut.
Plusieurs autres dossiers sur la table
La fin de l’après-midi était dédiée aux réunions, en premier lieu avec le président Mussington et le Préfet, pour échanger sur les dossiers de la politique de la ville, du logement, du bilinguisme. Sur tous ces sujets, et d’autres, le ministre a indiqué continuer à y travailler de manière très étroite.
Lors de la rencontre avec les élus, la question de l’avenir d’Air Antilles a été posée. Sans y répondre franchement, Manuel Valls s’est dit très attentif, car « attentif à la question des finances publiques ».
Il a par ailleurs indiqué travailler, mais de manière discrète, avec la Collectivité « pour favoriser les meilleures solutions possibles ».
La journée s’est conclue par dîner à Grand Case avec quelques socioprofessionnels triés sur le volet. L’occasion pour Michel Vogel président du MEDEF Saint-Martin, Jean Arnell (PDG de Computech) et Eve Riboud (directrice générale de Dauphin Telecom) d’aborder les sujets purement économiques de la compétitivité des entreprises, de la transition numérique et des infrastructures et les urgences du transport maritime avec la fragilité des chaînes d’approvisionnement maritimes actuelles.
Un dossier directement lié à la problématique de la vie chère, « facteur de déstabilisation, qui en tout cas accentue le sentiment de perte de confiance entre l’État, les acteurs économiques et la population » selon les propos du ministre. S’il faut agir pour favoriser la concurrence, la transparence, et travailler sur les marges, aucune communication n’a été faite sur le sujet.
